Login
Communauté Vinci
Extérieur
Si votre nom d'utilisateur ne se termine pas par @vinci.be ou @student.vinci.be, utilisez le formulaire ci-dessous pour accéder à votre compte de lecteur.
Titre : | Le dilemme de l'omnivore (2017) |
Auteurs : | Marta Zaraska |
Type de document : | Article |
Dans : | Cerveau & psycho (84, Janvier 2017) |
Article en page(s) : | p. 76-82 |
Langues: | Français |
Descripteurs : |
HE Vinci Animal ; Dissonance cognitive ; Psychologie ; Viande |
Résumé : |
La pensée d'un cochon vous évoque peut-être celle d'un morceau de bacon croustillant, de travers de porc bien juteux, d'un savoureux jambon ou de saucisses bien relevées. Rien d'étonnant à cela. Selon l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le porc est la viande la plus consommée au monde, représentant 36 % des animaux que nous mangeons. Parmi les plus gros consommateurs : les Américains et leurs 22 kg de porc par personne et par an, mais surtout les Chinois, qui en ingèrent le double. Pour d'autres communautés, la viande de porc est intouchable. L'islam et le judaïsme en interdisent par exemple la consommation. Et des populations entières considèrent les cochons comme d'adorables animaux de compagnie en particulier les cochons nains, ou cochons vietnamiens. Étonnamment sociaux et bien plus propres que ne le laisse penser leur réputation, les cochons sont doués d'une grande intelligence. Ils sont capables de régler le thermostat d'un enclos ou de jouer à des jeux vidéo simples. Une étude parue dans Animal Cognition en 2014 a même révélé qu'ils comprennent quand un humain leur désigne un objet du doigt, au même titre que les chiens. Si après la lecture de ces quelques lignes, vous commencez à vous sentir mal à l'aise à l'idée d'avaler un jambon-beurre, sachez que vous n'êtes pas le seul. Cet inconfort est l'expression d'un phénomène que les chercheurs ont baptisé « le paradoxe de la viande ». Il concerne tous ceux qui mangent volontiers de la viande, mais préfèrent occulter que des animaux meurent pour satisfaire leur besoin. « Si on gratte un peu en surface, personne n'est vraiment à l'aise avec cette idée », explique le psychologue Brock Bastian, de l'université de Melbourne, en Australie. Fondamentalement, si vous aimez les animaux, le fait de leur causer du tort est pour le moins dérangeant. « Éviter de nuire aux autres est l'un des principes moraux les plus ancrés et les plus répandus », poursuit Brock Bastian. Plus on aime à la fois la viande et les animaux, plus le problème se corse. Le sentiment contrasté d'être à la fois l'ami et le bourreau des bêtes est omniprésent. Il est d'ailleurs à l'origine du label industriel « élevé en plein air ». Une étude réalisée auprès d'habitants de l'Ohio a ainsi montré que pour 81 % d'entre eux, le bien-être des animaux de la ferme est aussi important que celui des animaux de compagnie. Et aux États-Unis, les gens dépensent des fortunes pour ces derniers pas moins de 60 milliards de dollars (55 milliards d'euros) en 2015 selon les estimations. Ce qui ne les empêche pas de dévorer près de 9 milliards de bêtes par an. En France, les chiffres sont de 4,3 milliards d'euros dépensés et 1 milliard d'animaux consommés par an. Le paradoxe de la viande constitue donc un cas d'école pour appréhender la dissonance cognitive, cet état psychologique désagréable qui résulte de croyances incompatibles ou d'écarts palpables entre nos valeurs et nos actes. Le psychologue Leon Festinger, de l'université de Stanford, aux États-Unis, a été le premier à décrire cet état en 1957. Mais le paradoxe de la viande reste un objet de recherche récent. Et ce que les scientifiques ont découvert, c'est que nous recourons à une variété de stratégies cognitives pour rendre l'idée de manger des animaux plus facile à digérer. Demandez aux gens pourquoi ils consomment de la viande et vous obtiendrez souvent les mêmes réponses. Parmi les plus communes figurent celles que le psychologue Matthew Ruby, de l'université de Pennsylvanie, surnomme, en anglais, les 4 N : nous consommons de la viande parce que c'est naturel (l'évolution nous y a conduits), normal (tout le monde le fait), nécessaire (nous avons besoin de protéines) et nice (en français « agréable », une façon de dire que nous en aimons le goût). Si ces réponses renferment une part de vérité, la simple existence... |
Disponible en ligne : | Oui |
En ligne : | http://www.cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/a/article-le-dilemme-de-l-omnivore-37904.php |
Exemplaires (2)
Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
---|---|---|---|---|
Cerveau & psycho. 84 | Périodique papier | Ixelles | Rez | Consultation sur place uniquement Exclu du prêt |
CerPsy 2017 P 84 | Périodique papier | Woluwe | Espace revues | Consultation sur place uniquement Exclu du prêt |